Mon nom n'est rien, seuls mes actes comptent.

Pierre Bottero

Ne pas respirer. Ne. Surtout pas. Respirer.
Je me suis sans cesse répéter cela pendant tout le temps où j’y étais.
Chacune de mes respirations était une victoire. Chaque battement de coeur était comme une bombe atomique dans ma poitrine. Je sentais mon coeur paniquer, battant de manière saccadé et irrégulière.
BOUMBOUM…BOUMBOUM…
J’attendais. J’attendais que ça se termine. Que je ne risque plus rien.
BOUMBOUM…BOUMBOUM…
Étendu sur le sol d’une manière inconfortable, je sentais sur mes doigts un liquide visqueux que je crus pendants longtemps être du sang. En dehors de ça, je n’osais emmètre le moindre spasme, ou même la moindre contraction musculaire afin de ne pas…
BOUMBOUM…BOUMBOUM…
Je gardais les yeux complètement fermé, mais cela ne m’empêcha pas de comprendre ce qui se passait autour de moi. Mes oreilles percevaient des sons éloignés. Des cris, des explosions, des coups de feu, des prières, des supplications… je me demande encore maintenant si ne serait-ce que la moitié de tout ça était bien réel.
C’est incroyable tout ce qui peut nous passer par la tête quand on sent la mort juste à côté de nous. La tristesse et la peur laissent place, à un certain moment, à toute sorte de pensée qui nous permettent de quitter cet enfer un court instant. Ai-je bien éteint le gaz en partant ? Il faudrait que je pense à nourrir le chien en rentrant. Ce n’est pas demain que j’avais prévu d’aller faire des courses ?
Puis viennent les regrets. Les douloureux et terribles regrets.
Elle m’avait proposé de passer la soirée avec elle, pourquoi je n’ai pas accepté ? Son sourire me manque. J’ai oublié de dire à mes parents que je les aimais, j’espère qu’il n’est pas trop tard.
Toutes ces pensées se bousculaient dans mon esprit, et la certitude que je ne revoie plus jamais les personnes que j’aime me fit lâcher une larme. Elle se cristallisa instantanément sur ma joue.
J’étais là, à même le sol, depuis si longtemps. Je n’arrivais plus à me rappeler depuis combien de temps j’étais ici. Plusieurs minutes ou quelques heures ? Difficile de se dire que je m’étais réveillé le matin-même avec l’impression de revivre un énième hier.
La froideur du sol était presque monotone, l’obscurité était devenue une habitude, et l’immobilité une évidence. Les bruits s’étaient tus. C’était maintenant le silence complet. Impossible de savoir si qui se déroulait autour de moi ni même de savoir si j’étais encore en vie.
Aucun de mes sens ne s’activait, c’était le vide total.
Jusqu’à ce que…
Jusqu’à ce que j’entende des bruits de pas…
Des bruits de pas que je situais infiniment loin et qui s’avançaient.
Ils se rapprochaient.
Ne pas respirer. Ne. Surtout pas. Respirer.
Ils s’intensifièrent jusqu’à devenir un vacarme qui éclatait mes tympans. Le plancher craquait et couinait sous LUI. Pendants qu’IL marchait, je cru entendre un objet métallique cliqueter, accompagnant ses pas.
On aurait dit le bruit de la mort.
Les pas s’arrêtèrent à mon niveau.
Mon coeur, qui s’était presque tue, recommença de plus belle à frapper dans ma poitrine, tel des explosions atomiques. Mais maintenant les battements étaient devenue régulier et s’intensifiaient, comme un roulement de tambour qui accompagne un condamné à mort jusqu’à l’échafaud.
BOUM !
BOUM !
BOUM !

Ne pas respirer. Ne. Surtout pas. Respirer.
Je restai là, au sol, à attendre que tout se termine.
« Aller, dépêches toi. Qu’on en finisse. », me dit-je.
Le temps, là encore, était une sorte d’énigme insoluble.
1 minute ? 15 minutes ? 10 heures ? Ou seulement quelques secondes ?
IL resta près de moi pendants tout ce temps.
L’entité que ne pouvais caractériser que par le bruit de ses pas.
Qu’était-il ? Pourquoi restait-il ? Pourquoi moi et pas les autres ? Suis-je mort finalement ?
« Pitié, je n’en peux plus. Faites que tout se termine s’il vous plait. »
Soudain, un son nouveau se fit entendre.
Je me réjouissais que quelque chose ne casse enfin ce silence intenable.
Je pris plusieurs secondes à reconnaitre la sonnerie d’un téléphone portable. Quelque part, loin de moi,
un téléphone au sol, gisait.
LUI aussi l’avait entendu.
IL me quitta pour aller le ramasser.
Puis IL le décrocha.
J’entendis vaguement une voie paniqué à l’autre bout du fil. Sans même lui laisser le temps de finir un
semblant de phrase, IL répondit à la voix. IL lui répondit avec un rire détraqué et dérangé. Un rire de fou.
- Non, il n’est plus disponible.
Puis IL raccrocha et lassa l’appareil tomber lourdement au sol.
Je n’ai plus bougé depuis ce jour-là. Je suis resté au sol dans la même position inconfortable, les yeux
clos, ignorant tout du monde qui m’entourait. Le temps était devenu une lointaine notion. Je ne sais pas
encore combien de temps je suis resté là à attendre, ni combien de temps je compte encore attendre ici.
Attendre quoi déjà ? Je l’ai oublié. Peut-être que maintenant je peux me relever ? Ouvrir les yeux et…
PAN !
Ahhhh… je sens un éclair déchirer ma poitrine. J’ai mal, je souffre. J’ai l’impression qu’on me
plante milles couteaux dans le coeur.
Pour en rajouter, deux autres bruits de mort se font entendre et me transpercent de part en
part.
PAN ! PAN !
Qu’ai-je fait ? Qu’est ce qui m’a trahi ? Ai-je trop respiré ? Ai-je finalement laissé s’échapper un spasme ?
Sur ma main, je sens de nouveau un liquide visqueux, du sang.
Mais cette fois j’en suis persuadé, j’en suis certain. C’est le mien. C’est mon sang.
La peur fait place à la colère. La colère fait place à la haine.
Je veux me relever, j’essaie d’ouvrir les yeux. Peut-être que j’ai encore le temps avant que ça ne
se termine. Je peux encore l’emmener avec moi. Il me suffit d’attraper sa gorge et de serrer.
De la serrer fort…
Mais je ne peux rien. L’immobilité et le noir ont engourdit mon corps.
Avant que tout s’arrête pour de bon, j’arrive à peine à lâcher un petit bruit de douleur, le
premier depuis très longtemps. Un dernier petit murmure.
- Ahhh…
Puis le temps s’arrête.
Définitivement.
Et avec lui ma respiration.
La nuit était déjà à un stade avancé quand la porte s'ouvrit et qu'un homme entra. L'aubergiste, qui pensait sa journée de travail terminée, ne put s'empêcher de soupirer avant de se diriger vers le nouvel arrivant.
-Bonsoir messire, que puis-je faire pour vous ? demanda-t-il d'un ton accueillant.
L'étranger s'avança suffisamment pour que la lumière du feu l'atteigne. On pouvait apercevoir une cotte de mailles sous le vêtement de cuir qui recouvrait ses épaules. Une épée était fixée au travers de son dos, sa poignée sur l'épaule droite.
Assise contre le mur, l’adrénaline commençait lentement à s’échapper de mon organisme, mais lentement remplacée par la terreur qui s’emparait de moi. Je pouvais presque sentir le poison dans mon sang, parcourant mes veines. Bien que je le savais pour l’instant inopérant, je ne pus retenir un frisson.
Après ce que je venais de vivre, après avoir échappé à la mort de nombreuses fois, mes nerfs étaient à vif. Une personne normale aurait sûrement craqué, se serait effondré devant tant d’événements ou même aurait abandonné. Mais cela faisait deux années que Sarah savait qu’elle allait mourir, et elle avait fini par démontrer un certain détachement du point de vue de ces choses-là, ayant tout fait pour éviter d’en parler.


Mathieu était légèrement sceptique à la vue de la nouvelle venue, Soli, la petite dernière de la bande. Elle ressemblait à une frêle petite fille, un peu plus jeune que Mathieu, le teint extrêmement pâle, les cheveux blanc cassé et les yeux d’un rouge incroyablement foncé. Elle n’avait en aucun cas l’air du monstre au quelle Mathieu s’était attendu à voir apparaitre.
Elle s’avança vers le prisonnier d’un pas calme mais surtout timide.
- Je suis vraiment désolé pour ce que je vais te faire, ce n’est en aucun cas personnelle.
Cette histoire se déroule quelque part dans les alentours de New York, la plus grande ville des États Unis. Abritant près de 8,5 millions, elle est une des plus grandes villes de la planète Terre, elle-même disposé dans un système solaire banale du bras d’Orion d’une petite galaxie voisine à la galaxie d’Andromède.
Mais ce qui nous intéresse véritablement n’est ni cette galaxie où même cette ville en elle-même mais ce qui se passe au-dessus de celle-ci. Car au-dessus de cette énorme fourmilière humaine, entre la Terre et le ciel, quelque part caché dans les nuages, se trouve un endroit qui n’existe pas.
Dans beaucoup de religions, c’est le lieu où l'on croit que les âmes justes jouiront après leur mort d'un parfait repos, qui sera la récompense de leurs vertus. Un endroit symbolisant la paix, le pardon, le nirvana et l’espoir du monde meilleur après la mort et après une vie pleine de labeur.

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